lire le livre La souffrance - Regard d'un orthodoxe

 L’interprétation juridique de la souffrance a eu historiquement tellement de succès, comme si l’idée de la justice de la souffrance était une consolation. Je paye, tu paies, il paie – tout est normal... Le questionnement sur la souffrance traverse comme un hurlement toute la culture universelle et ne sait se taire que par une juste rétribution. L’homme ne supporte pas la souffrance des innocents et ne supporte pas d’être innocent quand il souffre. [...] Le Seigneur Jésus a fait de la mort et de la souffrance des théophanies de l’amour divin. Et c’est pourquoi, chaque fois que des innocents souffrent, ce qui est injuste, cette souffrance et cette mort innocentes s’intègrent à la victoire du Seigneur, de l’Innocent. L’innocence contribue au Salut du monde parce qu’elle libère celui-ci de la justice ; la souffrance injuste du juste sauve le monde parce qu’elle le libère du jugement. Et le Seigneur se réserve le Jugement ultime, sous forme de rétribution, suivant l’esprit du monde, ou sous forme de miséricorde – ou d’injustice – ce qui est l’esprit du Royaume.